En janvier 1902, l’Union achète un immeuble au 55 rue Dubord (aujourd’hui avenue Viger), juste à l’ouest de la rue Saint-Hubert, pour répondre aux besoins grandissants de l’organisme. En 1908, l’organisme doit déménager en raison de l’expropriation des terrains sur l’avenue Viger, entre les rues Saint-Hubert et Labelle, pour la construction de l’école des Hautes Études Commerciales, immeuble qui accueille aujourd’hui les Archives nationales à Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Elle s’installe alors dans son lieu actuel, au 429 avenue Viger Est, soit l’ancienne maison de l’armateur, homme d’affaires et politicien Jacques-Félix Sincennes.
Le nouveau lieu choisi permet à l’Union de répondre à l’ensemble de ses besoins et de faire croître l’offre de son refuge; celui-ci passe de 6 à 50 lits. Selon les données compilées par l’organisme, « entre 1915 et 1951, 7591 Français ont été admis dans le refuge. » Au tournant des années 1950, « la mission humanitaire de l’Union Française s’efface progressivement pour laisser place à des activités plus diversifiées », axées sur la culture, le divertissement, le réseautage et la formation, entre autres, destinées aux ressortissants français et aux francophones de la métropole. C’est pour répondre à cette volonté de diversification que l’Union construit « entre 1955 et 1980 […] la salle de spectacle située à l’arrière du bâtiment principal. » Aujourd’hui encore, l’Union française poursuit sa mission visant à offrir un lieu de rassemblement de la communauté française avec une vie associative, sociale, solidaire et culturelle forte, tournée vers l’ensemble des Montréalais.es.
Source : Site internet de l’Union française de Montréal
Histoire de la maison Jacques-Félix Sincennes
L’Union française, après de multiples déménagements, s’installe en 1908 dans la maison construite en 1867 pour Jacques-Félix Sincennes (1818-1876), armateur, hommes d’affaires et homme politique né à Deschambault le 7 janvier 1818.
La maison a été construite sur le terrain que Sincennes a acheté la même année de l’architecte Victor Bourgeau. L’architecte qui a réalisé les plans de la résidence est Henri-Maurice Perrault, qui a entre autres contribué à la conception de l’hôtel de ville de Montréal et des magasins de l’Hôtel-Dieu des Religieuses hospitalières de Saint-Joseph, dans le Vieux-Montréal, immeubles encore visibles aujourd’hui. Cette demeure rappelle le style Second Empire, en phase avec le caractère bourgeois des maisons qui entouraient alors le square Viger, lieu de verdure et jardin d’agrément dans un tissu urbain serré qui devient un lieu mondain de la bourgeoisie francophone durant la seconde moitié du 19e siècle.
Suite au décès de Sincennes, la résidence a été occupée par Louis-Adélard Senécal, député libéral de Yamaska à l’Assemblée législative de 1867 à 1871 et député libéral de Drummond-Arthabaska à la Chambre des communes de 1867 à 1872.
Sources :
Site internet de l’Union française de Montréal
Site internet du Biographical Dictionary of Architects in Canada 1800-1950, notice sur Henri-Maurice Perrault
Site internet du Dictionnaire biographique du Canada, volume X (1871-1880), notice sur Jacques-Félix Sincennes
MARSAN, J. (2016) Montréal en évolution. Quatre siècles d’architecture et d’aménagement. 4e édition. Presses de l’Université du Québec
PINARD, G. (1987) Les résidences. Répertoire d’architecture traditionnelle sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal. Service de la planification du territoire de la Communauté urbaine de Montréal. p. 646-647
État actuel de la situation
L’ancienne maison Sincennes, où loge l’Union française de Montréal, a actuellement besoin de nombreux travaux de rénovation pour retrouver son lustre d’origine, mais aussi le plein potentiel de ses espaces intérieurs. Les coûts élevés d’entretien et la difficulté de lever les fonds nécessaires pour effectuer les travaux ont forcé l’organisme à condamner les deux derniers étages de l’immeuble par mesure de sécurité pour les occupants. Cette situation limite non seulement la capacité d’accueil d’organismes près de la mission de l’Union, mais peut constituer, à terme, une menace pour l’intégrité et la santé du bâtiment dans son ensemble. Toutefois, l’Union française travaille d’arrache-pied afin de protéger ce riche patrimoine architectural; à titre d’exemple, les deux statues situées à l’avant de l’immeuble, représentant la Marianne et Jeanne d’Arc, ont été entièrement restaurées en 2020 par la firme DL Héritage et grâce à la contribution de généreux donateurs lors d’une campagne de sociofinancement.
En 2023, l’Union française de Montréal a demandé une dérogation mineure auprès de l’arrondissement afin d’autoriser l’agrandissement de l’édifice. Cette demande a été approuvée en juillet 2024. Par ce projet, l’organisation souhaite réhabiliter l’immeuble, renouveler son image, mobiliser ses membres et attirer de nouveaux partenaires afin d’assurer la pérennité de sa mission. En 2025, l’Union française de Montréal est encore à la recherche de financements pour concrétiser son projet.