En 1979, les Sœurs de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur quittent leur imposant monastère du centre-ville de Montréal, qui devient alors vacant. Construit presque 150 ans plus tôt (1847), le Bon-Pasteur est un des rares exemples d’ensemble conventuel d’inspiration française subsistant du 19e siècle. L’élégant édifice principal de quatre étages en pierre grise et au toit à pignon abrite en son cœur une chapelle publique conçue par Victor Bourgeau, l’un des plus importants architectes de l’époque. Dans ce monastère, pendant plus d’un siècle, les sœurs hébergeront des centaines de jeunes filles « pauvres » ou « inadaptées » afin de leur apprendre un métier et de les réintégrer à la société. En raison de son patrimoine social et architectural, le monastère du Bon-Pasteur sera classé monument historique en 1979. Cependant, six ans après le départ des sœurs, le bâtiment est toujours abandonné.

La Ville de Montréal confie alors le projet de reconversion à une jeune équipe prête à relever le défi : la Société immobilière du patrimoine architectural de Montréal (SIMPA). Au lieu d’aborder le projet en un seul bloc, la SIMPA concevra astucieusement plusieurs petits projets immobiliers relevant d’une même vue d’ensemble. Ce modèle permettra de mettre en valeur les différentes parties du complexe tout en assurant une mixité sociale ainsi qu’un montage financier viable. Cohabiteront alors au sein de cet ensemble patrimonial : un centre culturel, une garderie, une résidence pour personnes âgées, une chapelle convertie en salle de concert, une coopérative d’habitation, des bureaux ainsi que des espaces communautaires.

Le succès d’une reconversion de l’envergure de celle du Bon-Pasteur montre qu’il est possible de donner une seconde vie aux grands ensembles patrimoniaux pour en sauvegarder la valeur et en faire profiter une grande diversité d’organisations de manière innovante.

Bien que des projets de cette complexité posent de grands défis techniques, financiers, architecturaux et juridiques, ils permettent de préserver ces bâtiments emblématiques et de les intégrer activement au tissu social et urbain en répondant aux enjeux contemporains de notre ville et de nos quartiers.