Alerte originale, publiée le 8 octobre 2020
Selon le Répertoire du patrimoine culturel du Ministère de la Culture et des Communications du Québec, la maison Charbonneau « est représentative de la maison rurale d’inspiration française par son volume massif en maçonnerie en moellons, son élévation d’un étage et demi, son toit à deux versants et la distribution asymétrique des ouvertures », d’où son intérêt patrimonial.
Située sur un terrain concédé à la famille Charbonneau en 1711 par le Séminaire de Québec, alors seigneur de l’île Jésus, la maison a été vraisemblablement construite vers 1736 si l’on se fie à une pierre marquée de cette année, située sous le chambranle de la porte. La maison est restée propriété de la famille jusqu’en 1878. La famille Chartrand acquiert la propriété en 1885, qui l’occupe jusqu’en 1972.
La maison est classée en 1977 par le gouvernement du Québec et il lui attribue une aire de protection en 1979. Pierre Thibault, avant-dernier propriétaire, a restauré le lustre d’antan de cette maison patrimoniale; malheureusement, cette dernière se dégrade constamment depuis son décès.
Le propriétaire actuel, qui a acquis la maison en 2008, a déposé une demande de démolition à la Ville de Laval en 2014, demande qui a été rejetée. Toutefois, aucun travail de restauration et de protection n’a été entrepris, ce qui a précipité la dégradation de l’immeuble.
Selon Jean-François Nadeau du journal Le Devoir, dans un article du 29 novembre 2018, « le Ministère n’entend pas exiger une rénovation complète du bâtiment, mais plutôt des travaux qui permettraient de préserver ses valeurs patrimoniales et de freiner sa détérioration, donc minimalement la consolidation de la structure. La loi [du patrimoine culturel] permet en principe à l’État d’intervenir pour protéger un bien patrimonial placé sous sa responsabilité. En ce cas, comme dans d’autres, le Ministère préfère continuer d’espérer que le propriétaire finira par se ranger à ses arguments. »
Toutefois, en 2019, le Ministère de la Culture et des Communications a obtenu une ordonnance de la Cour supérieure « qui lui permettra de procéder lui-même aux travaux de protection de la maison Charbonneau, à Laval, négligée par sa propriétaire », selon Jeanne Corriveau du Devoir dans un article du 27 novembre 2019, un phénomène rare, mais salué par le milieu du patrimoine. Malgré cette ordonnance, un suivi demeure nécessaire afin que les travaux arrivent à leur terme et que la maison Charbonneau retrouve son lustre d’origine.