Immeuble de valeur patrimoniale exceptionnelle, l’Institut des Sourdes-Muettes est un bel exemple d’architecture au développement étalé sur diverses époques. Malgré la construction de ses corps de bâtiment en sept étapes, étalée sur 73 ans, le respect de toutes les parties à un même plan d’ensemble en « H », la continuité des volumes et le choix des matériaux font en sorte que le bâtiment dégage une harmonie remarquable. Les bâtiments sont pour la plupart en pierre grise de Montréal bossée tandis que les ornements sont en pierre de taille.
Réalisé par le père Joseph Michaud des Clercs de Saint-Viateur, le bâtiment poursuit, principalement par sa toiture mansardée et ses pavillons d’angle, le style Second Empire popularisé à Montréal dans les années 1870. Il y greffe, au centre, l’avant-corps de l’entrée orné de pilastres qui donne une échelle monumentale à sa composition. Le dôme qui coiffe le toit rappelle ceux du Marché Bonsecours et de l’Hôtel-Dieu. On notera, par ailleurs, que la fenestration diminue de hauteur d’étage en étage, ce qui constituait une façon de faire courante. Le bâtiment conserve par ailleurs de superbes galeries extérieures en bois qui rappellent ses origines conventuelles.
Une chapelle occupe le centre du bâtiment. On y retrouve une oeuvre du peintre Georges Delfosse qui représente la translation miraculeuse de l’image de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, la patronne de la chapelle. L’intérieur de l’Institut des Sourdes-Muettes, riche en boiserie, était relativement bien conservé jusqu’à l’abandon du site. À l’entrée de la rue Berri, un escalier en chêne doré avec rampe et balustrade en chêne rouge s’impose.