Le bâtiment situé au 106, de la Gauchetière Ouest est une ancienne école chinoise. Il témoigne d’une architecture homogène avec les bâtiments adjacents, construits vers 1865, en plus d’une rallonge de bois à l’arrière du bâtiment. Le restaurant qui occupait le rez-de-chaussée a fermé définitivement et le local commercial est donc actuellement vacant.
Construite vers 1865, cette maison de faubourg du 112, de la Gauchetière Ouest aurait servi de synagogue au début du 20e siècle, pour ensuite devenir l’hôpital chinois des Soeurs de l’Immaculée-Conception de 1920 à 1962. L’épidémie de grippe espagnole touchant durement le quartier, les Soeurs avait ouvert d’urgence un hôpital pour les habitants chinois qui étaient victimes de discrimination dans les autres hôpitaux de la ville. On y trouve aujourd’hui l’Association chinoise de Montréal ainsi qu’un atelier d’artiste.
L’ancien temple maçonnique chinois (116-118A, de la Gauchetière Ouest) est une typique maison de faubourg construite probablement aux alentours de 1865. La façade avant est en pierre calcaire taillée (pierre grise de Montréal), alors que la façade arrière est faite de pierres équarries et de briques au troisième étage. Originalement, la maison possédait deux étages et un toit à deux versants, coiffé de trois mansardes; elle compte aujourd’hui trois étages. Les travaux majeurs de remplacement du toit, de l’ajout d’un étage et de la réfection de la façade en pierre de taille ont été effectués entre 1894 et 1912. Les corbeaux en pierre témoignant de ce changement sont toujours visibles à l’avant et à l’arrière du bâtiment. Une ancienne porte cochère menant à la cour relie le bâtiment à celui de l’Association chinoise de Montréal voisine.
La cour arrière est entièrement emmurée et intacte depuis de nombreuses décennies ; de simples travaux de jardinage ont mis au jour plusieurs objets du 19e siècle, confirmant la désignation de secteur d’intérêt archéologique à fort potentiel selon le règlement d’urbanisme de l’arrondissement. Actuellement, le local commercial du rez-de-chaussée est vacant, ainsi que l’appartement au 1er étage.
Le bâtiment de la British and Canadian School (120, de la Gauchetière Ouest / 1009, Côté) a été grandement modifié depuis 1826, l’année de sa conception. C’est l’architecte James O’Donnell qui en aurait dessiné les plans, et le maître-maçon John Redpath qui l’aurait construit. O’Donnell avait, pour sa part, une autre oeuvre d’envergure en chantier au même moment : la basilique Notre-Dame, débutée en 1824. John Redpath, alors âgé de 30 ans, aura subséquemment deux autres grands chantiers, le canal Lachine et le canal Rideau, avant de fonder la raffinerie de sucre Redpath et d’être membre du conseil municipal de Montréal de 1840 à 1843. Sur les plans de O’Donnell, l’école avait deux étages et comportait un toit en pavillon surmonté d’un dôme octogonal. L’école non confessionnelle, gratuite et mixte pouvait accueillir 275 enfants, majoritairement issus de la classe ouvrière. En 1866, l’école passe aux mains de la Commission scolaire protestante. Des modifications sont apportées en 1874 : le bâtiment est élargi, un étage est ajouté ainsi qu’un toit à fausse mansarde, et la fenestration est modifiée. Actuellement, Wing’s Noodles est toujours en affaires dans ce bâtiment.
L’église Free Presbyterian a été construite en 1848. Une partie de ce bâtiment est aujourd’hui intégrée au bâtiment visible au 985-991, rue Côté. Elle sert aujourd’hui d’entreposage et d’usine produisant les nouilles et les biscuits de fortune de la compagnie Wing’s Noodles et l’association Service à la Famille Chinoise du Grand Montréal y a aussi ses locaux. Il semble que le bâtiment aurait été dessiné par l’architecte John Ostell. Le bâtiment était à l’époque coiffé d’un toit en fausse mansarde à deux versants supportant un clocher, ainsi que trois portes à l’avant.
En 1884, le fabricant de cigares Samuel Davis prend possession du bâtiment pour y installer le Tobacco Co. of Canada Ltd. et apporte plusieurs modifications au bâtiment, dont l’ajout de 3 étages et de deux tours en façade. Un autre étage est ajouté en 1945. Actuellement, le bâtiment de pierres et de briques comporte six étages ainsi qu’un toit plat. Plusieurs propriétaires se succèdent jusqu’à la famille Lee qui a récemment vendu. Leur commerce, Wing’s Noodles, a conclu un bail locatif avec le nouvel acheteur pour continuer d’occuper les lieux et maintenir leurs activités. Enfin, le chapitre d’arrondissement de Ville-Marie du Plan d’urbanisme de Montréal identifie l’immeuble comme un édifice industriel d’intérêt patrimonial hors secteurs de valeur exceptionnelle.
Ces immeubles, ainsi que la majeure partie de l’îlot dont ils font partie, sont inclus dans l’aire de protection de l’Église de la Mission-Catholique-Chinoise-du-Saint-Esprit. Cette église, construite en 1834 et 1835 par l’Église sécessionniste d’Écosse, a été classée par le Ministère des Affaires culturelles le 16 mars 1977 et une aire de protection a été délimitée et confirmée le 19 janvier 1978. Selon le site du Ministère de la Culture et des Communications du Québec, l’aire de protection, bien qu’elle « n’a pas comme but de protéger les bâtiments situés à proximité de l’immeuble classé, […] permet de contrôler certaines interventions effectuées à proximité de l’immeuble classé, comme les constructions. Elle favorise la préservation de la valeur patrimoniale de l’immeuble classé en assurant le maintien d’un environnement compatible avec cette valeur. »
Le 26 mai 2021, le gouvernement du Québec, par le biais du Ministère de la Culture et des Communications, ainsi que la Ville de Montréal ont annoncé la formation d’un « comité de travail sur la protection patrimoniale du quartier chinois montréalais. […] Le comité aura pour mission de trouver les meilleurs moyens de préserver l’identité de ce quartier de la métropole. Au cours des prochains mois, il formulera des recommandations sur une stratégie globale de protection et de mise en valeur du quartier. »
Le 18 juin 2021, la Ville de Montréal a présenté son Plan d’action 2021-2026 pour le développement du Quartier chinois, réalisé avec la participation du Centre d’écologie urbaine de Montréal. Selon la Ville, ce document est le « [f]ruit d’une démarche rigoureuse de consultation et de concertation [et il] vise à revitaliser, protéger et pérenniser ce quartier emblématique par le biais du déploiement de stratégies d’action organisées dans le temps, de l’identification de collaborateurs, ainsi que de la définition d’indicateurs de réalisation. » Ce plan contient 25 stratégies d’action, lesquelles « découlent d’une vision d’ensemble structurante, qui se décline en quatre grandes orientations stratégiques », soit la qualité de vie, le logement ainsi que les espaces publics; la vitalité commerciale; l’identité, le rayonnement et le patrimoine; la concertation du quartier.
Enfin, en janvier 2022, le ministère de la Culture et des Communications, en collaboration avec la Ville de Montréal, a annoncé un avis d’intention de classement pour le site patrimonial du Noyau-Institutionnel-du-Quartier-Chinois, de même que pour l’édifice de l’ancienne British and Canadian School et l’ancienne manufacture de cigares S. Davis and Sons.