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L’Institut des Sœurs de Miséricorde rappelle l’incontournable présence des communautés religieuses dans la vie montréalaise au XIXe siècle. Les Sœurs de la Miséricorde s’étaient établies à la jonction des quartiers ouvriers de l’est et du Quartier latin pour venir en aide aux mères célibataires et aux orphelins.
Institut des Sœurs de Miséricorde en 1974, Archives de Montréal
Le complexe de la Miséricorde tient une place importante dans le paysage bâti du boulevard René-Lévesque et de la rue De La Gauchetière, notamment à cause de sa prestance, de son architecture classique en pierre grise et des cours plantées de grands arbres, flanquant la chapelle. Ce complexe hospitalier fait partie d’un ensemble institutionnel qui comprend l’ancienne école des Hautes Études commerciales (actuel édifice Gilles-Hocquart de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec), située face au square, ainsi que l’ancienne gare-hôtel Viger et l’ancienne Académie Marchand, appartenant aujourd’hui à l’UQAM. Les ailes et pavillons de ce vaste ensemble hospitalier et conventuel datent de 1853 à 1940.
Les sept bâtiments du complexe de la Miséricordes, dont les plus anciens (pavillons D, E, F) ont été construits entre 1853 et 1884, faisant front au boulevard René-Lévesque. Si les ailes plus anciennes sont de style néo-classique, les plus récent respectent des styles architecturaux contemporains. Photo : Google; Montage : Ville de Montréal.
Le centre hospitalier de soins de longue durée Jacques-Viger, qui a occupé le bâtiment entre 1975 et 2012, a procédé à une réduction et à une relocalisation de ses activités. Considérant les problèmes techniques de structure et de maçonnerie dans certaines ailes du complexe d’origine, on a procédé à la désaffectation du centre. La menace réside donc maintenant dans l’aggravation de la dégradation physique du bâtiment suite à son abandon en 2013 et dans l’absence d’une vocation future. Celle-ci est essentielle pour générer les investissements nécessaires à la réalisation de travaux urgents pour la revitalisation de cet ensemble institutionnel patrimonial.
L’Hôpital de la Miséricorde n’est que l’un des hôpitaux actuellement vacants à Montréal, conséquence de la centralisation des services hospitaliers, une tendance observée également dans d’autres métropoles. Ces grands ensembles hospitaliers représentent toutefois un patrimoine incontournable du fait de leur valeur historique, architecturale et sociale, mais aussi par leur simple présence dans le paysage collectif.
Depuis 2012, l’OBNL Quadrilatère de la Miséricorde, porté par le Quatuor Quartier Latin et regroupé autour de la Table de concertation du Faubourg Saint-Laurent, travaille un projet de réaménagement pour le site de l’hôpital qui se ferait en volets : logements pour les familles, résidence pour les hommes de 55 ans et plus, musée, espaces communautaires et ateliers d’artistes. L’OBNL recommande à la ville de s’acquérir de l’ensemble et de le réserver à cet effet.
À partir de 2019, la Ville de Montréal procède à une étude de potentiel pour la reconversion du site et son acquisition potentielle. Cette étude comprend un audit du bâtiment, un examen de la contamination des sols, un énoncé d’intérêt patrimonial, une évaluation du potentiel archéologique ainsi que des analyses financières. L’objectif consiste à définir les nouvelles vocations possibles et une stratégie de mise en œuvre, incluant l’acquisition par la Ville. À l’été 2021, la Ville présente sa vision pour le site : un projet de requalification mixte intégrant un refuge pour sans-abri, des logements étudiants, du logement social et la construction d’une nouvelle tour de 17 étages (et la démolition d’une partie du complexe). Il est prévu que le bâtiment, qui appartient au gouvernement du Québec, passe entre les mains d’un promoteur privé qui devra réaliser ce vaste projet.
En décembre 2022, on annonce la préparation de la mise en vente du complexe.
Après avoir étudié plusieurs soumissions, la SQI a finalement vendu l’édifice à la compagnie Alta Canada en juin 2025. Le promoteur prévoit d’y construire une tour résidentielle de 30 étages, tout en se montrant ouvert à collaborer avec l’OBNL Quadrilatère de la Miséricorde pour intégrer des usages communautaires.
Cependant, en août 2025, Hydro-Québec a annoncé son intention d’acquérir le site pour y installer un poste électrique. Depuis le début de l’année, Hydro-Québec recherche un terrain vacant au centre-ville afin de remplacer le poste Berri, jugé désuet. Après la controverse suscitée par l’annonce d’installer ce poste sur le terrain vacant adjacent à la BAnQ, Hydro-Québec a indiqué que la seule option viable est désormais le site de la Miséricorde. La société d’État a déclaré vouloir lancer un concours d’architecture pour assurer l’intégration architecturale de la nouvelle construction. Par ailleurs, la restauration et la requalification du bâtiment patrimonial seront également étudiées.
Au fil des ans, Héritage Montréal a soumis plusieurs lettres, mémoires et résolutions concernant différents bâtiments hospitaliers excédentaires à Montréal incluant notamment l’hôpital de la Miséricorde.
Ville-Marie
Développement urbain
Domaine civique
Public; provincial
Vacant
Manque d’entretien
1853-1884: Victor Bourgeau et Alcibiade Leprohon
CIUSSS du Centre-sud-de-l’île-de-Montréal
Institutionnel
Religieux
1853-1884. Agrandissements : pavillon Saint-Hubert (1923), pavillons sur les rues Saint-André et de La Gauchetière (1944-1947)
Immeuble de valeur patrimoniale exceptionnelle Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle
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