Selon l’étude de la valeur patrimoniale du site effectuée par la firme Patri-Arch en 2016 pour le compte de la Ville de Laval, « l’institut des Sœurs missionnaires de l’Immaculée-Conception est fondé en 1902 par Délia Tétreault (1865-1941) et est approuvé en 1904 par le pape Pie X. Il s’agit de la première communauté missionnaire féminine fondée en Amérique. Elles participent à la fondation (1921) de la Société des Missions-étrangères qui par la suite leur offrira un terrain en 1923. « C’est en 1924 que prennent racine, sur les bords de la rivière des Prairies, les soeurs missionnaires de l’Immaculée-Conception, sur un terrain adjacent à celui du séminaire canadien des prêtres des Missions étrangères. Ces deux sociétés sont les premières fondations canadiennes vouées uniquement aux missions étrangères. »
L’étude de la firme Patri-Arch poursuit la description du site ainsi: « Noviciat au départ, le bâtiment est agrandi à plusieurs reprises : la façade est retouchée en 1926. Ensuite, un quatrième étage est ajouté aux deux premières bâtisses, en 1929. Une aile de quatre étages avec passerelle la reliant à l’édifice précédent est construite en 1932, puis ce sera l’infirmerie, en 1975, les pavillons Val-Marie et Délia-Tétreault respectivement en 1980 et 1985, et finalement la cafétéria des employés, en 1992. Le couvent est actuellement occupé par les religieuses retraitées ; un des bâtiments sert d’infirmerie pour les soeurs de la communauté ». L’entrepreneur de la première partie de la bâtisse est Damien Boileau. Ce même entrepreneur est engagé de nouveau pour l’agrandissement du bâtiment en 1926. En 1929, un étage supplémentaire est ajouté. L’architecte Jos Sawyer a conçu les plans de la chapelle en 1932 alors que l’entrepreneur Jules Toralli a été chargé de sa construction. »
Valeur patrimoniale du site
Toujours selon Patri-Arch, « la valeur patrimoniale supérieure de cet immeuble tient à son histoire, son usage, son intérêt architectural, son authenticité et son contexte. Il accueille la maison mère des Sœurs missionnaires de l’Immaculée-Conception, dont la construction débute en 1924, suivant les plans de l’architecte Jos Sawyer, et qui comprend en outre une chapelle (1932) en brique et à plafond plat orné de boiseries, le service des archives et des services de santé. […] L’ensemble est composé de plusieurs ailes dont les deux principales révèlent une composition Beaux-Arts symétriques marquées par un avant-corps et un attique ainsi qu’une ornementation néoclassique avec pilastres, frontons arrondis et corniches saillantes. Il est implanté en face de la rivière des Prairies et bénéficie d’un environnement calme et de qualité près du coeur de Pont-Viau. »
Contexte actuel
Ce bâtiment est situé au coeur du secteur du métro Cartier à Pont-Viau, où un programme particulier d’urbanisme (PPU) a été mis en place pour la transition du quartier en secteur TOD (Transit-oriented development, développement urbain orienté sur le transport collectif). Parallèlement à cet enjeu, les Soeurs missionnaires cherchent, depuis un moment déjà, à vendre cet édifice qui est rendu trop vaste et trop dispendieux pour leurs moyens. Avec l’apparition grandissante de projets de condominiums dans le secteur et avec les changements relatifs à la conversion du quartier en TOD, l’avenir du bâtiment, et surtout de sa vocation, nous inquiète.
La Ville de Laval a, en juin dernier, offert un budget de 150 000$ au Pôle régional en économie sociale de Laval (PRESL) afin d’effectuer une étude exploratoire de l’utilisation des espaces, mais le montant demandé par les sœurs pour leur bâtiment et les coûts de rénovation semblent trop élevés pour la faisabilité du projet du PRESL, qui comprend du logement social et un pôle de services communautaires. L’idée est noble, mais les organismes lavallois ne disposent pas de revenus suffisants pour l’achat d’un tel endroit. Le risque demeure toujours que l’endroit soit lorgné par les promoteurs immobiliers (s’il ne l’est pas déjà) pour une transformation des lieux en logements huppés. Pont-Viau, avec son filet social, ne dispose pas d’une population pouvant habiter de telles installations, et on risquerait d’assister à la fois à un exode des population vulnérables ainsi qu’à la disparition d’un bâtiment patrimonial. Il y a, peut-être, raison d’agir.
Référence supplémentaire – Lien externe
- Patri-Arch (2016). Évaluation patrimoniale du Couvent des Soeurs missionnaires de l’Immaculée-Conception. Étude effectuée pour la Ville de Laval, disponible sur le site web des données ouvertes de Laval.