La Caisse populaire St-Jean-Vianney est une création architecturale, certes, mais aussi une création artistique. Précisons que Jordi Bonet, sculpteur et muraliste, a réalisé non seulement la murale extérieure du bâtiment de la Caisse, mais aussi le chemin de croix et le tabernacle de l’église voisine ainsi qu’une murale intérieure au Collège Rosemont non loin de là. L’architecture moderne porte souvent l’icône du tandem ingénieur et architecte. Dans le projet dont il est question ici, nous sommes en présence d’une contribution exemplaire d’un artiste à l’architecture, et ce avant même la première mesure d’embellissement des édifices du gouvernement provincial.
Dans le plan d’implantation et d’intégration architecturale de l’Arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie, les bâtiments de chaque coté de la Caisse populaire St-Jean-Vianney sont mentionnés comme étant des immeubles significatifs. Donc, l’arrondissement établit que l’Église St-Jean-Vianney (Roger D’Astous) et l’école St-Jean Marie Vianney (Gaston Gagnier) sont significatives, mais on ignore la contribution de Bernard Dépatie et Jordi Bonet. L’œuvre est si bien intégrée sur le bâtiment qu’elle passe probablement inaperçue.
L’enjeu principal n’est pas de conserver à tout prix le revêtement, car il était en piteux état à de nombreux endroits lors d’une visite en 2011. Il s’agit plutôt d’informer les instances et le public de l’existence de l’œuvre, où du moins ce qu’il en reste, pour prendre des mesures appropriées de conservation s’il advenait que l’on change le revêtement entier. Le risque serait alors d’être témoins d’une autre œuvre « scrappée » (voir à ce sujet le documentaire Scrapper l’art, le cas de Jordi Bonet [Guy, Suzanne. 2009])
A l’origine, les tuiles de céramiques de Jordi Bonet recouvraient l’ensemble de l’édifice. En 2012, les tuiles de la partie supérieure ont été enlevées. En 2016, le bâtiment a fait l’objet d’une rénovation et le revêtement en céramique de Jordi Bonet a été supprimé complètement.
Extrait du livre Sur les traces du Montréal moderne et du domaine de l’Estérel au Québec de France Vanlaethem et al., éditions Civa et Docomomo Québec, 2007, p.170 :
« Cet immeuble d’angle comprend un rez-de-chaussée de plain-pied dédié aux activités bancaires et un étage de bureaux locatifs, organisation typique des caisses populaires érigées après la Seconde Guerre mondiale. Son mur-rideau est remarquable par son damier, où alternes baies vitrées et panneaux de céramique striée créée par Jordi Bonet, un collaborateur fidèle des architectes modernes. Son originalité contribue à l’image de modernité que veut se donner l’institution. »