Qu’est-ce que le patrimoine?

Il est difficile de formuler une définition du patrimoine tant ce dernier est incarné dans une diversité d’objets ou d’autres aspects de notre mémoire. Le patrimoine est bien plus qu’un objet du passé. Tout d’abord, il existe dans notre quotidien, que l’on en soit conscient ou non. Il y a le patrimoine tangible : archives, objets, plaques et inscriptions commémoratives, bâtiments, quartiers, parcs et vestiges archéologiques enfouis ou découverts. À Montréal comme ailleurs, notre patrimoine compte aussi une part d’intangibilité sous forme de traditions et de modes d’expression culturels.

Pensons, par exemple, aux métiers et aux savoir-faire traditionnels du bâtiment. Ou encore, que serait Montréal sans ses bagels et son smoked meat ?

Concentrons-nous cependant sur le patrimoine urbain. Bien que l’architecture en soit une composante incontournable, il n’en demeure pas moins que le patrimoine urbain fait aussi référence à des paysages, des quartiers ainsi qu’à des composantes naturelles et à des sites archéologiques. Si tout peut être porteur de mémoire, tout n’a pourtant pas la même signification et donc tout ne peut pas être traité de la même manière. S’occuper de patrimoine, c’est donc connaître cette signification et agir en conséquence. À la lumière de ce qui précède, une mise au point s’impose.

L’intérêt patrimonial provient de la valeur que l’on attribue collectivement ou individuellement à un lieu ou à un objet. Connaissance et reconnaissance vont de pair en patrimoine.

Ce qu’on reconnaît comme patrimonial évolue cependant de jour en jour. La définition du patrimoine se transforme de manière continue et elle tend à s’élargir au passage du temps. Ce qui n’était pas d’intérêt peut le devenir en l’espace d’une génération. L’exemple du patrimoine moderne l’illustre bien. C’est ainsi que la Place Ville-Marie (1962) ou Habitat 67 (1967) font dorénavant partie de l’identité de Montréal. Ancienneté n’est donc pas automatiquement synonyme de patrimoine et de valeur, pas plus que monumentalité, du reste, comme en témoigne l’intérêt qu’ont les Montréalais pour les duplex et triplex du Plateau Mont-Royal.

Enfin, rappelons-nous que l’on reconnaît trop souvent notre patrimoine lorsqu’il est menacé de démolition ou de défiguration. Le patrimoine constitue en définitive une richesse collective, non renouvelable – on ne le perd qu’une fois – qui confère, le plus souvent à notre insu, une qualité à notre environnement.