Pour une action cohérente et collective
Ce n’est pas tout d’apprécier le patrimoine qui nous entoure en lisant, en participant à des visites ou en assistant à des conférences. Encore faut-il pouvoir agir lorsqu’il est menacé de destruction ou de banalisation. Ces actes sont des formes d’appauvrissement collectif qu’il faut mettre en cause et enrayer. Cela demande que des individus, membres d’Héritage Montréal ou non, adoptent une démarche stratégique et s’organisent en conséquence. Le plus souvent, cela revient à bien jouer son rôle de citoyen en appelant les décideurs publics à jouer le leur adéquatement.
À titre indicatif, voici quelques étapes clés d’une telle démarche :
En cherchant à comprendre les divers enjeux d’un dossier, il faut se donner des objectifs clairs. Ceci est d’autant plus important lorsque plusieurs personnes ayant différentes habitudes de vie et formations se réunissent autour d’une cause commune.
Pour évaluer l’apport réel d’un projet au patrimoine de la région métropolitaine, Héritage Montréal se base sur les cinq principes suivants :
Les périodes de questions du public lors des conseils municipaux ou, à Montréal, des conseils d’arrondissement sont des occasions pour communiquer des opinions ou des requêtes.
En outre, les lois et les règlements de chaque municipalité ou arrondissement, ceux régissant les sites patrimoniaux, la coupe des arbres ou les démolitions, par exemple, définissent des procédures et prescrivent certains délais pour afficher des informations ou recevoir les avis du public. Les services d’urbanisme ou des permis ou encore le greffier de la municipalité peuvent vous informer sur ces procédures et les délais qui vous permettront de réagir à temps afin que votre opinion soit formellement reçue.
Les différents types de consultation publique et leurs processus
Les principales décisions sont soumises à la consultation publique. Celles qui sont régies par la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU) sont assez légères; elles consistent en une assemblée spéciale où le maire ou son représentant explique le projet et où il entend les réactions des citoyens. Cela ne laisse guère la possibilité pour les citoyens d’étudier un projet et de préparer leur opinion. Certaines municipalités ont développé des démarches alternatives informelles qui se rapprochent d’une concertation. Pour le Vieux-Montréal et le Mont-Royal par exemple, la Ville de Montréal a même mis sur pied des tables de concertation permanentes. Pour certains cas de changement de zonage, la LAU prévoit que les résidents des zones immédiates peuvent s’opposer aux modifications par référendum décisionnel. La procédure est cependant très lourde et compliquée.
Montréal dispose d’un organisme spécialisé en matière de consultation : l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). L’OCPM tient ses consultations en deux étapes, soit une période d’information et une période de dépôt de mémoires. Toute la documentation est rendue publique et accessible sur le site Web de l’Office. Les commissaires produisent un rapport de consultation qui fait la synthèse des opinions, suivie de leur propre analyse et de leurs recommandations.
Pour atteindre ses objectifs, pour utiliser efficacement l’énergie bénévole ou pour garder l’initiative tout au long d’un dossier, il faut un minimum d’organisation. S’organiser peut être aussi simple que de tenir une réunion entre voisins pour échanger des idées sur le dossier ou pour formuler une pétition. On définit et on distribue les tâches dont celle de porte-parole. Des réunions régulières permettent de suivre ensemble l’évolution du dossier en gardant cette cohérence si importante pour ne pas se faire marginaliser.
L’organisation aide aussi à établir et à maintenir sa crédibilité pour se faire entendre – les autorités ou les promoteurs cherchent souvent un interlocuteur unique ou tendent à exploiter les divergences entre opposants. Parfois, un comité de citoyens qui se réunit régulièrement est suffisant. Dans d’autres cas, on formera une coalition « arc-en-ciel » de citoyens et d’organismes ou de personnalités comme ce fut le cas dans les dossiers Hôtel-Dieu, Précieux-Sang / Villa-Maria et gare Jean-Talon.
La communication dépasse les seules relations avec les médias. Elle revient à clarifier son message et à choisir le meilleur moyen pour le livrer à la population, aux décideurs ou à ses partenaires. En effet, on a un ou plusieurs messages à communiquer à une diversité de gens au niveau local, provincial ou fédéral. Communiquer est aussi une façon d’interpeller des acteurs – les députés, par exemple – qui autrement pourraient rester silencieux face à un dossier jugé local. Selon le cas, une conférence de presse communiquera aux médias les enjeux du dossier. Parfois, une campagne de lettres de lecteurs dans les journaux locaux ou nationaux sera préférable. On peut aussi imaginer une assemblée publique qui joue le double rôle d’informer la population et de créer un événement que les médias couvriront. Enfin, il faut se rappeler qu’on ne peut mener un dossier uniquement par médias interposés et que ceux-ci effectuent des choix éditoriaux en couvrant les enjeux urbains ou patrimoniaux.
La continuité dans le suivi de l’action est un élément essentiel d’une stratégie efficace. Au même titre qu’on ne doit pas négliger l’entretien de sa maison, il faut maintenir les contacts et les représentations auprès des décideurs. Ce genre de suivi peut être aussi simple que de vérifier par téléphone si une lettre adressée au ministre ou au maire s’est bien rendue ou à ce que leurs éventuels engagements soient respectés. C’est aussi une action préventive qui rappelle aux interlocuteurs qu’on exerce une vigilance essentielle au patrimoine. Par ailleurs, le suivi assure qu’on garde l’initiative du dossier en mettant régulièrement à jour ses stratégies au fil des événements, avec flexibilité et imagination.
Au besoin, vous pouvez consulter les ressources suivantes qui vous guideront efficacement dans la constitution d’un mouvement de mobilisation citoyenne pour la protection et la mise en valeur du patrimoine.